Actualités de la ville
Georges Szumanski : un résistant engagé au service de la mémoire
Mercredi 05 févr. 2025
Aujourd'hui, Bourg-la-Reine a perdu l’un de ses habitants les plus remarquables : Georges Szumanski, 100 ans, ancien résistant polonais et infatigable témoin de l’Histoire.
Jusqu'à son dernier souffle, il n’a cessé de transmettre aux jeunes générations les leçons de courage et de résilience qu’il avait tirées de son engagement dans la lutte contre l’occupant nazi.
Un engagement précoce dans la Résistance
Né en Pologne en 1924, Georges Szumanski a été confronté dès son adolescence à l’occupation allemande. "J’avais 18 ans et les nerfs solides", confiait-il au BLR Mag. "La haine de l’occupant et le désir de liberté nous animaient." Il rejoint alors l’Armia Krajowa (AK), l’armée clandestine polonaise, où il se spécialise dans le sabotage des infrastructures ennemies.
Sa mission : faire sauter des trains transportant du matériel militaire afin de ralentir l’effort de guerre allemand.
S’il vécut de nombreuses années sous le poids du secret et de la peur, il se souvenait surtout de l’insurrection de Varsovie d’août 1944 comme d’un moment d’espoir intense. "Nous étions ivres de liberté retrouvée, mais nous étions mal armés et la répression allemande a été terrible." La Ville, détruite à 95 %, restera pour lui le symbole d’un sacrifice nécessaire pour préserver l’âme de la Pologne.
L’exil et la reconstruction en France
Après la guerre, alors que le régime communiste s’installe en Pologne, les anciens résistants non communistes deviennent des cibles. Georges Szumanski et son père, ancien colonel de l’armée polonaise, fuient leur pays natal en 1946. Après un périple semé d’embûches, ils arrivent en France, où Georges reprend ses études et se construit une nouvelle vie.
"Nous ne connaissions pas un mot de français, mais nous avons été très bien accueillis, se souvenait-il. J’ai appris la langue à l’Alliance française avant d’entamer une carrière en urbanisme." C’est à Paris qu’il rencontre son épouse en 1956, au sein de l’association des étudiants polonais. "Paris nous a réunis ! " disait-il avec un sourire.
Témoigner pour ne pas oublier
Conscient de l’importance du devoir de mémoire, Georges Szumanski s’engage à témoigner dans les écoles et les institutions, notamment grâce à l’association Parole d’Hommes et de Femmes. "Il faut dire la vérité aux jeunes. Ils doivent comprendre que la démocratie est précieuse, et que lorsqu’on la perd, on ignore combien de temps il faudra pour la retrouver."
Son engagement et son rôle dans la Résistance polonaise lui valent, en octobre 2024, une reconnaissance méritée : il se voit remettre un sabre d’honneur par le chef d’état-major général des forces armées polonaises lors d’une cérémonie à l’ambassade du pays.
Une leçon d’espoir et de résilience
Malgré les drames traversés, Georges Szumanski est resté un homme tourné vers l’avenir. Il aimait rappeler que rêver était essentiel, comme lorsqu’il traversait la Vistule avec ses amis, espérant un jour voguer vers la Suède ou la Norvège. "Nous rêvions de liberté."
Bourg-la-Reine perd une figure marquante, un homme d’honneur qui n’a jamais cessé de croire en l’humanité. Son message demeure : le courage et la mémoire sont les armes les plus puissantes pour défendre nos libertés.
Nos pensées vont à sa famille et à ses proches.