Santé

L’art contre l'endométriose

Jeudi 23 janv. 2025

"Je n'aurais jamais cru que mon expo susciterait autant de bienveillance "

Clémence Thi-Son Barbier s’est installée à Bourg-la-Reine avec ses parents à son entrée en CP. À 22 ans aujourd’hui, elle est l’une des lauréates 2024 du programme Booste ton projet proposé par la Ville.

Son projet ?

Sensibiliser à l’endométriose par l’art. Il se concrétisera le 21 mars aux Colonnes, lors d’un forum baptisé Petites Femmes, où seront exposées ses œuvres.

Quel est le concept de Petites Femmes ?

Petites Femmes, c’est d’abord ma première exposition. J’y présenterai des dessins, des peintures, de l’illustration numérique... Ces productions ont toutes en commun d’avoir accompagné mon apprentissage de la maladie. Je suis atteinte d’endométriose, comme une femme sur dix en France, une maladie gynécologique méconnue et sous-estimée, même au sein du corps médical. Petites Femmes sera donc aussi une soirée où des professionnels de santé, spécialistes ou non, et des femmes touchées par la maladie pourront confronter leurs visions et leurs vécus au cours d’une conférence-débat. Petites Femmes, c’est enfin ma « déclaration d’amour » à toutes celles que l’on n’a pas cru, qu’on a laissées au bord du chemin.

Comme cela a été votre cas ?

Les douleurs sont vite devenues insoutenables jusqu’à ne plus pouvoir me déplacer. Rien n’étant prévu pour poursuivre mes cours à distance, j’ai dû arrêter mes études. Des médecins n’ont pas compris la pathologie, par manque de formation, d’autres n’ont même pas cherché à m’écouter. J’ai dû effectuer des recherches moi-même et me battre pour réussir à prouver que j’étais bien atteinte d’endométriose. Après un an et demi d’errance médicale, d’examens refusés perçus comme autant d’injustices, et de multiples passages aux urgences, le diagnostic est enfin tombé. Non, ce n’est pas normal d’avoir mal, et non, ce n’est pas seulement dans la tête. Cela questionne beaucoup sur le crédit accordé à la parole des femmes.

Comment l’art a-t-il pris place dans ce cheminement ?

Depuis toute petite, le dessin est pour moi comme un second langage, une échappatoire. Avec l’endométriose, je suis passée par des phases d’incompréhension, de solitude, de tristesse, de frustration et de colère. Ce que je n’ai pas réussi à dire ou à faire entendre, je l’ai gravé sur papier et je continue à le faire chaque jour. J’ai longtemps dessiné au crayon, en noir et blanc. En m’attaquant à des supports que je ne maîtrisais pas, comme la peinture ou l’illustration numérique, et à la couleur, j’ai eu l’impression de m’attaquer à cette maladie, que je dois encore apprendre à apprivoiser, de la même façon que ces techniques artistiques.

Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?

Je vais mieux. Avec un traitement, un régime alimentaire spécifique, du sport et beaucoup de sommeil, je suis mieux armée pour affronter la maladie. J’ai repris mes études en septembre et mon travail dans une salle de yoga. Je suis également mieux entourée. Deux kinés de Bourg-la-Reine spécialisées en endométriose m’ont donné les bons conseils et ouvert les bonnes portes. C’est important de me sentir soutenue dans la ville où j’ai grandi. C’est aussi le cas dans l’organisation de cette soirée, grâce à Booste ton projet* et à la mairie. Je n’aurais jamais cru que mon idée de départ, ma petite exposition, attirerait autant de bienveillance et prendrait autant d’ampleur. Cette exposition sera l’expression du chemin parcouru, jusqu’à la gratitude que je ressens aujourd’hui pour tous ceux qui me soutiennent dans ce défi quotidien, et j’espère que les Réginaburgiens, hommes comme femmes, seront sensibles à ma démarche.

Forum sur l'endométriose :

Vendredi 21 mars

Les Colonnes 51, Bd du Maréchal-Joffre

Entrée libre