Les rencontres d'Art Contemporain

Commissaire d'expositions sur l'art du costume aux musées de la Légion d'honneur, Galliera ou Maxim's, spécialiste de l’histoire du vêtement et des textiles, il a été consultant auprès de la Comédie-Française et a réalisé des costumes pour l'opéra et le cinéma. Ses créations sont des œuvres uniques : chaque étape de la fabrication d’une pièce est réalisée à la main, inspirée de l’époque à laquelle elle se réfère. Pour le musée du Château de Malmaison qui accueille des collections liées à ses plus célèbres propriétaires, Joséphine de Beauharnais et Napoléon, Ollivier Henry et ses élèves ont réalisé une réplique d’une des tenues de l’impératrice. Préservant ainsi la version originale des risques de dégradation, cette exacte copie est exposée depuis octobre 2024 et témoigne des savoir faire artisanaux des plus grands couturiers de l’époque.

Ollivier, parlez-nous des costumes que vous exposerez à la Villa Saint-Cyr

« S’il s’agit de vêtements qui construisent ou reconstruisent le corps, ce sont d’abord les reflets d’une époque, d’états d’esprit, et les témoins d’un jeu social. Ils peuvent être des symboles politiques ou religieux ainsi que les vestiges de mouvements artistiques. Un costume raconte des histoires parfois terribles, parfois merveilleuses, des histoires de souffrances tant dans sa réalisation que dans son usage. En le reconstituant dans sa précision je retrouve une matérialité et une réalité autre, différente de la peinture. Le compléter de motifs m’oblige d’aller au plus près de l’ornement et faire du tout un travail documentaire. »

Que dire alors de ces recréations ?

« D’abord il faut évoquer la coupe et la couture qui me propulse dans l'intimité et la grandeur des fantômes. Puis le fait de recouvrir ces costumes de broderie permet de transformer des fils rebelles en arabesques sophistiquées et de métamorphoser le support. Reconstituer des pièces inspirées des XVIe, XVIIe, XVIIIe ou XIXe siècles, c’est un peu comme concevoir un opéra, une sorte d’œuvre d’art total qui donne à imaginer, à voir, à toucher et même parfois à sentir et entendre. Lire, observer, comparer, dessiner, composer, tracer, couper, bâtir, coudre, parer m’of fre un voyage immobile, les outils de l’évocation d’une vie antérieure et la poursuite d’un temps perdu. »

C'est donc un parcours temporel rétrospectif que vous allez nous offrir

« Exactement, au travers de ces réalisations je nourris également mon i0maginaire de nombreuses recherches, ainsi j’essaie de m’approcher au plus près de l’esprit du temps tant par les formes, les volumes que par les décors. D’ailleurs c’est ce que je ne manquerai pas d’expliquer aux visiteurs lors de ma présence à l’exposition. Ils pourront alors comprendre les complexités, les étroitesses, les excroissances, les poids et mêmes les déséquilibres parfois qui ont construit les esthétiques des sociétés passées, car si la recherche de la beauté demeure constante les canons en sont toujours variables.»

Service Archives et Patrimoine :

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